Depuis l’explosion des IA génératives d’images (Dall-e, Midjourney…) aux yeux du grand public il y quelques années et celle encore plus spectaculaire de ChatGPT en 2022, ces nouvelles technologies et les bouleversements qu’elles promettent ou qui sont déjà en œuvre un peu partout, sont au cœur des discussions dans de nombreux milieux professionnels et les avocats ne font pas exception : comment fonctionnent-elles ? Quels sont leurs champs d’application ?Sont-elles des menaces pour des milliers d’emplois ou autant d’opportunités à saisir sans attendre ?
En 2023, plusieurs éditeurs de logiciels de gestion de cabinets n’ont pas hésité à franchir le pas et ont intégré des IA génératives telles que ChatGPT à leurs solutions, permettant à leurs utilisateurs de bénéficier de la puissance de ces outils directement depuis leur interface.
Face à ce raz-de-marée, Septeo a adopté une position plus prudente, tout en continuant à travailler sur l’intégration de l’IA à ses solutions. Christelle Petrucci, directrice générale de Septeo Solutions Avocats a livré plus de détail à ce sujet au cours d’une interview au magazine Informations Entreprises :
« Notre réserve s’explique : la sécurisation des données de nos clients est primordiale. Nous sommes le seul acteur sur le marché français à proposer un cloud souverain, conforme à la réglementation française. Intégrer des systèmes comme GPT dans nos solutions serait antinomique avec notre engagement envers la sécurité des données. L’intelligence artificielle, si elle est alimentée par des données sensibles, peut potentiellement réutiliser ces dernières. Il serait impensable de compromettre la sûreté des informations de nos clients de cette manière. »
La sécurité des données n’est pas le seul point sur lequel les avocats doivent impérativement être vigilant. Dan Kohn, directeur de l’intelligence marché et de la prospective chez Septeo nous rappelle, lors d’un webinar organisé par Septeo Avocats, une tentative infructueuse de mise de l’intelligence artificielle au service des avocats :
« Il y a quelques années IBM avait lancé avec Watson leur IA, un produit qui permettait aux avocats d’obtenir cinq à six jeux de conclusion pour leur permettre de préparer leur plaidoirie. Le problème s’est révélé assez rapidement : en utilisant le même outil, la partie adverse se dotait du même jeu de conclusions. »
En bénéficiant aux deux parties d’un dossier, le bénéfice apporté par l’IA s’annule. Un tel outil ne peut donc, en l’état, pas remplacer les compétences et l’expérience du juriste. Et c’est Moïse Zapater, directeur de la R&D chez Septeo qui résume bien cet état de fait au cours du même webinar :
« C'est trop tôt pour faire ça parce que justement, ce genre de biais pourrait apparaître on le voit bien. Avec ce qui est génératif on va avoir de la suggestion et la suggestion à tendance à s'auto-alimenter et à dégénérer(…) moi je pense que c'est trop tôt pour considérer qu'une IA soit capable de générer tout un contenu, tout un argumentaire. »
L’erreur ou la répétition juridique ne sont pas les seuls risques. Ainsi, les poursuites en responsabilité professionnelle sont une menace réelle pour les avocats plaçant une trop grande confiance en ces outils. Notamment au regard de la diffamation potentielle lorsqu’un discrédit un peu rapide est jeté sur la partie adverse sans contre-vérification des informations délivrées par une intelligence artificielle.
Se pose également la question de la gouvernance de l’IA: si ces technologies sont développées et maintenues par des acteurs privés, c’est un pouvoir considérable qui repose dans leurs mains. Le risque de conflit d’intérêt devient alors conséquent si ces acteurs font un jour face à la justice. Et dans le prolongement de cette logique: qu’adviendra-t-il si ces technologies tombent entre les mains de personnes mal intentionnées ?
Mais toutes les tentatives d’exploitation de l’intelligence artificielle par des avocats ne sont pas infructueuses : la firme américaine BakerHostetler a mis en place des algorithmes qui remplacent les jeunes avocats dans la recherche juridique et la rédaction de rapports détaillés et argumentés. Le risque ne réside alors plus uniquement dans les résultats erronés apportés par l’IA ou leur utilisation détournée mais bien dans la disparition de tout un pan de l’activité des cabinets jusqu’alors effectué par des humains, désormais en sursis face à une technologie plus rapide et plus efficace dans l’accomplissement de tâches bien précises.
La profession d’avocat ne se résume pas bien heureusement pas à la recherche juridique ou à la rédaction de rapports, aussi détaillés et argumentés soient-ils. Un avocat, bien humain, est capable de prendre en compte de nombreux facteurs extra-juridiques qui peuvent influencer la stratégie à adopter pour le traitement d’un dossier, la rédaction de conclusions, une plaidoirie etc.
L’utilisation de l’intelligence artificielle par les avocats, si elle est inévitable, doit se faire avec prudence et intelligence. C’est le chemin choisi par Septeo Avocats, tel que le rappelle Christelle Petrucci :
«(…) nous ne sommes pas pour autant en retrait de la révolution numérique. Septeo a acquis une entreprise française spécialisée en intelligence artificielle et a ainsi constitué une cellule dédiée comprenant ingénieurs, data scientistes et administrateurs système. À ce jour, nous avons notre propre moteur d’intelligence artificielle, opérant sur des serveurs sécurisés dans notre cloud souverain en France. C’est dans ce même environnement que les données de nos clients sont hébergées.»
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