Interview croisée entre Moïse Zapater (Directeur de l'innovation du Groupe Septeo) et Poly Sok (Directeur IA Groupe Septeo).
« Avec l'IA Générative, le Groupe Septeo va révolutionner les usages métiers ». Septeo lance un programme pour aller encore plus loin dans l’optimisation des processus métiers et intègre de l’IA générative multi-usages dans ses solutions clients. Ces solutions prendront la forme d’assistants conversationnels, d’assistants de recherche, d’outils d’extraction d’informations et de classification de documents. Ce programme servira aussi à diffuser la culture de l’IA générative parmi les collaborateurs du Groupe. Décryptage des enjeux de l’IA par Moïse Zapater, directeur de l’innovation, et Poly Sok, directeur de l’IA chez Septeo.
Moïse Zapater – Depuis plusieurs mois, Septeo met une priorité absolue sur l’innovation et l’intégration des nouvelles technologies dans ses solutions. L’IA générative remet tous les concepts d’intelligence artificielle au centre de nos préoccupations. Elle va changer la responsabilité du pilote de la machine, et changer les interfaces : nos clients vont dialoguer directement avec la machine, quelle que soit leur langue. La machine va comprendre leurs demandes et les mettre en lien avec les données. En définitive, l’IA va corriger une aberration cognitive, en soulageant encore plus le cerveau de nos clients de toutes les tâches à faible valeur ajoutée et en simplifiant de façon exceptionnelle leur quotidien.
Poly Sok – L’IA générative me rappelle l’arrivée d’Internet. Nous ne pouvons plus concevoir des produits sans intégrer des fonctionnalités d’IA générative, de la même manière que les entreprises voulaient toutes avoir leur site en ligne quand Internet est arrivé il y a trente ans. C’est le même engouement, à un point tel que notre modèle économique serait en danger si nous n’intégrions pas l’IA générative à nos solutions logicielles. Concrètement, l’IA générative va réduire drastiquement la distance entre les besoins des utilisateurs et leur satisfaction, grâce à de nouvelles interfaces liées au langage naturel. Ces solutions peuvent être mis à la disposition de tous les professionnels et vont un grand plus loin dans la proposition de valeur offerte par le groupe Septeo. C’est une priorité pour Septeo qui est précurseur en la matière et qui travaille sur le sujet depuis 5 ans maintenant.
M. Z. – Si on regarde le processus de digitalisation des entreprises depuis dix/quinze ans, c’est toujours le même : on prend quelque chose, et on le digitalise. Nous avons commencé par la base, le document en papier. Puis nous avons développé des moteurs de recherche, et tout ce qui est workflow métier : signature des devis, espace client, interfaces pour saisir des formulaires pour les contrats, etc. Avec le Covid, les communications elles-mêmes ont été digitalisées. L’IA générative va améliorer toutes ces phases de digitalisation : les échanges avec les services tiers, les demandes de documents (extraits d’état-civil, casier judiciaire), les accusés de réception, les validations de contrat, etc.
P. S. – Jusqu’à présent, il fallait créer des espaces pour stocker les informations et savoir comment les récupérer le plus vite possible. Par exemple, nous développions des applications pour stocker des contrats dans des contrathèques mais les utilisateurs devaient se rappeler où ils étaient rangés, comment y accéder, etc. Un processus très rébarbatif et chronophage, qui va être délégué à l’IA générative : elle saura où ces informations seront stockées, elle les triera et les rangera automatiquement sans nos indications. Elle va prendre en charge toute une dimension cognitive des process qui était encore réservée à l’humain.
P. S. – Prenons l’exemple du marché des notaires. L’expertise que nous leur avons apportée s’est concentrée sur l’analyse des documents. Mais tandis que certains documents, formulaires, factures, fiches d’imposition, sont très normés, les contrats et les courriers sont beaucoup plus libres, typiques de la production humaine, et cette liberté limitait les IA jusqu’à présent. L’IA générative est déjà suffisamment spécialisée pour avoir un niveau de compréhension qui va au-delà de celui des IA classiques. Elle va donc gommer cette limite et elle pourra tirer des informations de n’importe quel document qui lui est soumis.
M. Z. – Il reste des défis à relever autour de la confidentialité et de la sécurité des données. L’IA doit être entraînée avec des données qui ne nous appartiennent pas forcément. Une fois que le modèle est entraîné, il faut l’entretenir, pour un coût de production qui n’est pas négligeable. Y compris pour l’environnement, car il faut beaucoup d’énergie pour faire fonctionner les data centers et beaucoup d’eau pour les refroidir. C’est un vrai défi et le cadre juridique n’est pas encore totalement prêt. Autre défi : en tant qu’éditeur de logiciels, nous sommes dépendants d’un tiers, qui gère les algorithmes de machine learning (LLM), et une partie de notre code risque de ne plus nous appartenir. Nous prenons le parti de ne pas réinventer la roue, d’utiliser ce qui se fait de mieux en matière d’IA et de l’héberger sur des infrastructures qui nous appartiennent pour offrir les meilleures garanties de confidentialité à nos clients.
P. S. – Le degré de maturité est variable en fonction des marchés que nous visons. Mais globalement, nos clients sont plutôt réceptifs à la technologie, ils savent qu’ils peuvent en attendre des gains de productivité. Les avocats ont bien conscience du potentiel de l’IA générative pour leurs activités, même s’ils ont quelques craintes au niveau de la confidentialité de leurs données. Ils ne veulent pas qu’elles soient stockées sur des serveurs aux Etats-Unis et nous leur offrons toutes les garanties de sécurité sur cet aspect-là. Les notaires, eux, sont plus technophiles, nous les avons déjà dotés d’outils de fonctionnalités d’IA et ils sont plutôt en demande de solutions.
M. Z. – Je voudrais reformuler la question : sont-ils prêts ? Oui. Ils veulent y aller mais ne savent pas comment. Septeo, leur propose de l’IA Générative intégrée à leurs solutions métiers existante. Simple et intuitive elles ne nécessitent quasiment aucune formation : il suffit de poser une question dans sa langue maternelle et l’IA répond, y compris dans une autre langue. La crainte de certains de nos clients porte plutôt sur le remplacement de certaines de leurs tâches par l’IA générative. Certes, leur façon de travailler va changer, c’est une évidence, mais en contrepartie, ils vont augmenter leurs performance et gagner du temps pour se consacrer à l’essentiel.
P. S. – Aujourd’hui, certaines personnes sont dédiées à des tâches à faible valeur ajoutée, que l’IA pourra très bien remplacer demain. L’idée n’est pas de se débarrasser de ces personnes, mais de les replacer sur des postes à plus forte valeur ajoutée. Avec l’IA générative, la société dans son ensemble va se transformer et se mettre en capacité de créer plus de valeur.
P. S. – Nos collaborateurs utilisent déjà des outils d’IA générative comme ChatGPT. Nous n’allons pas restreindre les accès à ces outils, mais cadrer leurs usages, sensibiliser nos équipes aux risques sur la propriété intellectuelle et la protection des données et nous assurer que les risques sont maîtrisés.
M. Z. – En tant qu’éditeur de logiciels, nous avons un devoir de conseil, car nous pouvons être mis en cause juridiquement si nous n’aidons pas nos clients à se protéger. Nous ajouterons un article sur ce point dans notre charte de cybersécurité. Mais globalement l’IA générative ne me paraît pas plus impactante que d’autres technologies, et le risque cyber ne me paraît pas non plus beaucoup plus important qu’avant. L’IA générative est juste une nouvelle technologie qui va un grand plus loin pour simplifier et automatiser les processus et les relations hommes-machines.