L'intervention du Pr. Christophe Roquilly, Directeur de l'EDHEC Augmented Law Institute, dans le cadre de la table ronde "L'ImpAct de l'IA pour les juristes en 2024 : Technologie, compétences, cas d'usages".
Je m’intéresse à l'IA dans le monde du droit depuis plus de 20 ans. À cette époque, nous parlions de « bibliothèque ontologique » et de «logique déontique ». C'était le début des systèmes experts en droit, qui ont ensuite explosé.
La combinaison de méthodes top-down et bottom-up est essentielle tant pour les Directeurs Juridiques que pour les équipes juridiques en général, afin de s’aligner sur la vision stratégique et la transformation digitale de l’entreprise.
Les process de l’équipe juridique sont les éléments primordiaux lors de l’utilisation d’un logiciel. Ils doivent donc s’inscrire dans une vision d’entreprise et répondre à un devoir de transparence, en particulier par rapport aux salariés.
Je ne crois pas aux grands plans de transformations à 5 ou 10 ans. Les projets titanesques, selon moi, n’arrivent jamais au bout. En revanche, ce qui marche, c’est l’innovation incrémentale. Procéder par itération, par petits pas.
Le marketing est évidemment omniprésent dans ce qui est appelé l’IA aujourd’hui. C’est le mot magique et elle est désormais partout. Un phénomène classique dans toute innovation est le mécanisme d’attirance et de répulsion.
Et il y a donc aussi une répulsion, ou des craintes, liée à la confidentialité et à la sécurité des données. Les directives émises par des instances comme le barreau de Californie ou l’autorité de réglementation des avocats en Angleterre et au Pays de Galles illustrent bien ces préoccupations.
Globalement, il existe toujours un pourcentage minoritaire de personnes résistantes à l’innovation ou au changement technologique. Aujourd’hui, les directions juridiques testent l’IA mais il est important que cela se passe dans le respect des conditions de sécurité.
La première étape de l’application de l’IA sont les tâches avec des risques et des impacts clients très modérés. Cela permet de tester le modèle sans nécessairement utiliser des données clients ou des données confidentielles.
L'IA est un moyen extraordinaire de casser les silos, quand ils existent encore, entre la fonction juridique et les autres fonctions de l’entreprise, notamment la DSI dans des conditions de sécurité et d’innovation optimales.
Source : cet article a été rédigé sur la base du livre blanc : "L'ImpAct de l'IA pour les juristes en 2024 : Technologie, compétences, cas d'usages"
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