La transformation numérique bouleverse les codes des métiers du droit. Au-delà des connaissances légales, les compétentes digitales deviennent incontournables. Intelligence artificielle, smart contract, Legaldesign, Legaltech, Big Data, amorcent une nouvelle ère, celle du juriste digital. Tour d’horizon des expertises attendues pour ce profil 4.0.
Les cursus universitaires juridiques donnent d’excellents résultats au regard de la technique et de l’expertise métier. Si la tendance tend à s’améliorer pour le digital, des lacunes subsistent. L’association Open Law le révèle dans une étude parue en 2018.
L’enquête, avec 1200 réponses recueillies, met en lumière un manque dans les formations traditionnelles. Il concerne principalement :
Les innovations juridiques et le droit vont de pair. La loi de programmation et de réforme pour la justice du 23 mars 2019 va dans ce sens. L’association Open Law qui mène un travail réflexif sur le sujet, le résume parfaitement :
« Le numérique bouleverse la pratique et la perception du droit et implique de repenser le rôle du juriste. Dès lors, de nouvelles formations et un socle de compétences renouvelé sont indispensables pour lui permettre de prendre toute sa place dans la société de demain. »
L’expertise juridique demeure la pierre angulaire de la profession. Cependant l’habileté numérique est inéluctable.
Avec la démocratisation du télétravail, l’usage des outils collaboratifs est devenu la norme. Communiquer à distance révèle des challenges supplémentaires pour les acteurs du droit. La dématérialisation de documents confidentiels nécessite la protection des données. Pour couvrir ce besoin, la blockchain génère une succession de transactions sécurisées par cryptographie. Le smart contract ou « contrat intelligent » repose sur cette technologie. Le codage informatique et les algorithmes complexes garantissent le caractère irrévocable du document.
Plus créatif, le Legaldesign constitue une autre compétence recherchée en communication. Le juriste à l’ère du digital s’appuie sur des méthodes plébiscitées par les néophytes. Ainsi, partager l’information de façon ludique et simple (infographies, tableaux, images) participe à rendre l’information plus accessible. Cela favorise notamment l’engagement et l’adhésion des équipes.
Véritable acteur transversal, l’étendue des fonctions du juriste digital dépasse la sphère du comité de direction. Veiller à la mise en conformité RGPD tout en traitant un flux d’informations conséquent font partie des nouveaux challenges. Cela accentue son rôle dans la prise de décisions en interne. Il s’inscrit alors dans le projet de l’entreprise, ses enjeux sociaux et sociétaux.
L’agilité et l’efficience demeurent primordiales afin d’assurer cette mission stratégique et mener de front tous les projets. Les juristes s’appuient sur de nombreux outils promus par les Legaltech. Des solutions qui facilitent spécifiquement la rédaction et la gestion électronique de documents (GED). Objectif ? Se délester des tâches redondantes et chronophages.
Si le numérique s’ajoute à l’expertise métier, les aptitudes personnelles restent fondamentales. Les soft skills2 font l’unanimité en entreprise, le juriste digital est d’autant plus concerné. Face à l’évolution et la complexité de sa fonction, il doit être en mesure de :
La recherche de profils juridiques correspondant aux besoins actuels du marché est accrue. Les recruteurs peinent à trouver des juristes formés au digital et à ses enjeux.
« On s’est aperçu qu’il est très dur de trouver les profils qui répondent à nos attentes, alors nous avons proposé de former les acteurs du droit en formation continue. »
Le témoignage de Thomas St-Aubin, directeur général d’une Legaltech, confirme la tendance dans une interview menée par le Village de la Justice.
En réponse à cette demande et aux besoins de la profession, différents types de formations ont vu le jour. Courtes, sous forme d’ateliers immersifs ou de plus longues durées, elles ont vocation à :
Les professionnels du droit, salariés ou en activité libérale, peuvent y recourir en activant certaines aides financières. Le Compte Personnel de Formation (CPF) s’inscrit dans cette démarche de formation continue. L’objectif est de monter en compétences, et se mettre au diapason des innovations actuelles.
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