Septeo Avocats donne la parole à Justine Bachelet, avocate au barreau de Versailles, qui partage avec nous l'expérience de la création de son propre cabinet après presque 10 ans de collaboration.
Je pose ma plaque !
Qu’on vienne tout juste de prêter serment ou que l’on soit collaborateur depuis 1,5 ou 10 ans, la décision de s’installer à son propre compte est une étape cruciale de sa carrière. Cette décision apporte avec elle son lot de questions et de décisions à prendre. Un vrai casse-tête dans un agenda déjà ultra chargé.
Si vous aussi vous pensez sérieusement à créer votre cabinet, je vous propose un petit retour d’expérience.
Avant toute chose, si on est collaborateur, il faut commencer par notifier sa démission à son cabinet. Bien souvent, cela va passer par une lettre recommandée avec AR ou une remise d’une lettre de démission en main propre. Pour être sûr de ne pas faire d’erreur, ressortez votre contrat de collaboration, la procédure à respecter doit y être détaillée.
Quoi qu’il en soit et quels que soient les rapports avec les membres de son cabinet à ce moment-là, on fait en sorte, avant l’envoi de la lettre, d’obtenir un entretien avec l’associé avec lequel on travaille pour l’avertir de ses intentions. On reste confrères toujours et avant tout ! Aussi, on fait en sorte de respecter les principes déontologiques de la profession : courtoisie, modération etc.
Ensuite, on se pose la question de savoir si on s’installe seul ou à plusieurs et dans cette hypothèse, avec qui.
Certains feront le choix de louer un bureau unique, seul. Ce faisant, ils sont certains de n’avoir de comptes à rendre à personne et d’éviter toutes les éventuelles discordes au sujet du photocopieur ou de la cafetière… D’autres préfèreront au contraire louer des bureaux à plusieurs pour éviter d’être seul, pour pouvoir échanger sur les dossiers et partager certaines charges.
Aucune solution n'est meilleure que l'autre, c’est en réalité selon le tempérament de chacun. En ce qui me concerne, il n'était pas envisageable de m’installer seule. Après 10 années passées dans un cabinet où nous étions nombreux, je mesure comme il est précieux de pouvoir échanger sur les dossiers, de bénéficier d’une vie de cabinet et de se soutenir dans les moments parfois compliqués de notre profession (difficulté d’agenda, dossiers difficiles…).
Si on s’installe à plusieurs, la question se pose de savoir si on crée une structure avec des confrères que l’on connait peu ou alors avec des amis. Dans cette seconde hypothèse, le risque est que les éventuelles disputes professionnelles viennent ternir l’amitié existante. Il n’est pas toujours évident de mélanger vie professionnelle et vie personnelle. Néanmoins, le risque de s’installer avec des confrères que l’on ne connait pas ou peu est que l’alchimie ne prenne pas. On se retrouve alors coincé dans une ambiance de travail non satisfaisante. Sur ce point encore, un choix est à faire en fonction de sa personnalité et de ses aspirations.
Pour ma part, j’ai fait le choix de m’installer avec trois de mes amis. Nous nous connaissons très bien et avons l’habitude de travailler ensemble depuis longtemps. Dans ce contexte, nous nous sommes dit que ça limitait les risques de dispute et nous faisons un pari sur l’avenir ! Il me semble qu’il faut aussi garder en tête que le choix de la structure peut permettre de minimiser les sources de conflit.
Le choix de la structure d’exercice est une question clé lorsque l’on décide de créer son cabinet. Le but ici n’est pas de détailler de manière exhaustive les types de sociétés pouvant être créés par un avocat et les avantages/inconvénients pour chacune d’entre elle mais plutôt de recenser les questions qu’il convient de se poser.
Aussi et en premier lieu, il est important de s’interroger sur le fait de savoir si on souhaite ou non mettre en commun son chiffre d’affaires avec ses associés.
Dans la négative, une simple société de moyens peut être créée afin de partager uniquement les charges fixes matérielles (loyer, photocopieur, machine à café, internet...). Il est également intéressant de réfléchir au système d’imposition pour lequel on veut opter, impôt sur les sociétés ou impôt sur le revenu, toutes les formes de société ne permettent pas les mêmes options. De la même façon, il est très important de décider si on souhaite ou non limiter la responsabilité des associés et, le cas échéant, de leurs conjoints.
Enfin et dans la mesure où il semble prudent de toujours envisager l’avenir, il est intéressant de s’interroger, dès la création de son cabinet, sur la façon dont on pourra, si besoin, sortir de la structure.
En effet, une vie professionnelle est longue et faite de changements et d’opportunités et il ne peut être exclu que des propositions surgissent impliquant un changement d’associé et/ou un changement de structure. Mieux vaut donc anticiper toutes les éventualités. Quelles que soient les réponses à ces questions, je crois qu’il est indispensable de se faire conseiller lors de la création de sa structure d’exercice. Prendre conseil auprès d’un comptable, d’un confrère fiscaliste ou spécialisé en droit des sociétés est à mon sens une étape préalable au choix de sa forme de société et un indispensable lors de la rédaction des statuts.
Mes associés et moi avons fait le choix de créer une SCM (Société Civile de Moyens). Cette forme de structure d’exercice nous est apparue parfaitement adaptée à notre situation et à nos aspirations dans cette grande étape de nos vies professionnelles. Après plusieurs années de collaboration et tous parents d’enfants en bas âge, nous sommes à la recherche de liberté dans la gestion de nos agendas et de notre temps de travail. Le but est également de limiter les risques de conflits évoqués plus haut, chacun est maître de ses bénéfices et de ses dépenses.
Sur un autre plan, la création de son cabinet est aussi un gros défi personnel. Aussi, se challenger sur ses propres capacités à développer son activité est un réel moteur professionnel ! Selon moi la SCM est idéale pour créer une structure où l’on n’exerce pas seul, où une vie de cabinet est réelle et présente mais où chacun reste libre de gérer son activité comme il l’entend. Une de mes amies m’a dit l’autre jour « finalement la SCM, c’est comme un coloc’ d’avocats ! ». Je crois que l’idée est là.
Pour résumer, il n’y a pas de bons ou mauvais choix lorsque l’on décide de créer sa propre structure. L’essentiel est de se poser les bonnes questions et d’y répondre en fonction de sa personnalité et de ses besoins professionnels et personnels. Il faut se rappeler que, dans l’idéal, le cabinet a vocation à exister pour quelques années. Aussi, il est indispensable de créer une structure au sein de laquelle on se sentira bien et où on aura plaisir à venir travailler tous les matins !
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